INVENTER SANS DÉTRUIRE
Quelle manière de concevoir, autre que celle du réemploi, pourrait avec autant d’inconscience enfreindre les lois de notre modèle économique ? Toutes les vertus de croissance et d’enrichissement des sociétés industrielles sont depuis deux siècles fondées sur l’exploitation des ressources de la terre et leur transformation en vue de consommer celles-ci. Un état qui trahit notre soumission à un ordre mû par une pulsion consumériste reposant sur l’insatiabilité du désir de nouveauté. Le système est devenu absurde au point qu’il apparaît plus cher d’entretenir des bâtiments ou de réemployer des matériaux que de les détruire pour laisser place à du neuf. En réalité, le coût du réemploi est bien moins cher pour la collectivité et il le sera également de moins en moins pour les opérations elles-mêmes lorsque les filières se développeront. C’est dire l’ampleur du défi que se sont lancé ceux qui transgressent ce système en développant la filière du réemploi. Car des stratégies séculaires de recyclage qui ont fonctionné jusqu’à l’ère préindustrielle, il ne reste quasiment rien ; tout semble aujourd’hui à réinventer et il ne faut pas se bercer d’illusions, pour tous les acteurs de la construction, une telle révolution exige de renoncer en un premier temps à beaucoup de prérogatives : pour l’architecte et l’ingénieur, prendre encore davantage le temps d’analyser ce qui est « déjà-là » et renoncer à concevoir avec l’infinie liberté de choix du marché global des matériaux ; pour le maître d’ouvrage, accepter de faire évoluer la commande initiale en fonction des disponibilités et réussir à commercialiser du neuf fait avec du vieux… ; pour l’entreprise, adapter constamment ses savoir-faire, remettre en cause ses filières d’approvisionnement, anticiper autrement sa rentabilité ; pour l’assureur enfin, désacraliser les normes et prendre des risques ! Aux pionniers du réemploi comme Rotor ou Patrick Bouchain ont succédé de nombreux jeunes collectifs, et de plus en plus d’architectes, de designers et de maîtres d’ouvrage adaptent leur pratique. C’est à ces défricheurs que nous consacrons notre grande enquête estivale.
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Quelle manière de concevoir, autre que celle du réemploi, pourrait avec autant d’inconscience enfreindre les lois de notre modèle économique ? Toutes les vertus de croissance et d’enrichissement des sociétés industrielles sont depuis deux siècles fondées sur l’exploitation des ressources de la terre et leur transformation en vue de consommer celles-ci. Un état qui trahit notre soumission à un ordre mû par une pulsion consumériste reposant sur l’insatiabilité du désir de nouveauté. Le système est devenu absurde au point qu’il apparaît plus cher d’entretenir des bâtiments ou de réemployer des matériaux que de les détruire pour laisser place à du neuf. En réalité, le coût du réemploi est bien moins cher pour la collectivité et il le sera également de moins en moins pour les opérations elles-mêmes lorsque les filières se développeront. C’est dire l’ampleur du défi que se sont lancé ceux qui transgressent ce système en développant la filière du réemploi. Car des stratégies séculaires de recyclage qui ont fonctionné jusqu’à l’ère préindustrielle, il ne reste quasiment rien ; tout semble aujourd’hui à réinventer et il ne faut pas se bercer d’illusions, pour tous les acteurs de la construction, une telle révolution exige de renoncer en un premier temps à beaucoup de prérogatives : pour l’architecte et l’ingénieur, prendre encore davantage le temps d’analyser ce qui est « déjà-là » et renoncer à concevoir avec l’infinie liberté de choix du marché global des matériaux ; pour le maître d’ouvrage, accepter de faire évoluer la commande initiale en fonction des disponibilités et réussir à commercialiser du neuf fait avec du vieux… ; pour l’entreprise, adapter constamment ses savoir-faire, remettre en cause ses filières d’approvisionnement, anticiper autrement sa rentabilité ; pour l’assureur enfin, désacraliser les normes et prendre des risques ! Aux pionniers du réemploi comme Rotor ou Patrick Bouchain ont succédé de nombreux jeunes collectifs, et de plus en plus d’architectes, de designers et de maîtres d’ouvrage adaptent leur pratique. C’est à ces défricheurs que nous consacrons notre grande enquête estivale.
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