ÉDITORIAL / Théorie, pratique et théorie
Les historiens ont souvent dénoncé l’anti-intellectualisme du milieu de l’architecture française. Les architectes sont-ils pour autant des professionnels préparés à affronter la réalité de la commande et du chantier et formés aux savoir-faire constructifs ? Non, car il y a toujours eu en France une méfiance envers un enseignement trop professionnalisant, comme si la trivialité du BTP bridait la créativité et empêchait de réfléchir. Ni théorie ni pratique ; mais que reste-t-il aux architectes ? Le cliché de l’artiste socialement irresponsable, capricieux et dispendieux serait-il fondé ?
Une voie pourtant échappe à cette fausse opposition et rencontre un succès grandissant auprès des nouvelles générations : le design/build – ou apprentissage expérientiel – se propose justement de concilier l’acte de concevoir et celui de construire. L’idée n’est pas tant de soumettre immédiatement celui qui apprend à la dure réalité du monde du bâtiment que d’infléchir puis de nourrir sa réflexion dans l’expérience pluridisciplinaire d’un projet concret. Né dans l’effervescence de la contre-culture américaine des années 1960, ce mouvement essaime aujourd’hui partout dans le monde. De Yale dans le Connecticut à Talca au Chili ou des Grands Ateliers à l’Isle-d’Abeau à Hooke Park dans le Dorset, naissent des architectures qui ne se réduisent pas à des maquettes d’étudiant agrandies.
Souvent associées à des laboratoires de recherche, ces expériences sont un véritable terreau d’innovation. Élargissant le champ d’action de l’architecte, elle lui offre aussi l’opportunité d’une relégitimation sociale.
Emmanuel Caille
Les historiens ont souvent dénoncé l’anti-intellectualisme du milieu de l’architecture française. Les architectes sont-ils pour autant des professionnels préparés à affronter la réalité de la commande et du chantier et formés aux savoir-faire constructifs ? Non, car il y a toujours eu en France une méfiance envers un enseignement trop professionnalisant, comme si la trivialité du BTP bridait la créativité et empêchait de réfléchir. Ni théorie ni pratique ; mais que reste-t-il aux architectes ? Le cliché de l’artiste socialement irresponsable, capricieux et dispendieux serait-il fondé ?
Une voie pourtant échappe à cette fausse opposition et rencontre un succès grandissant auprès des nouvelles générations : le design/build – ou apprentissage expérientiel – se propose justement de concilier l’acte de concevoir et celui de construire. L’idée n’est pas tant de soumettre immédiatement celui qui apprend à la dure réalité du monde du bâtiment que d’infléchir puis de nourrir sa réflexion dans l’expérience pluridisciplinaire d’un projet concret. Né dans l’effervescence de la contre-culture américaine des années 1960, ce mouvement essaime aujourd’hui partout dans le monde. De Yale dans le Connecticut à Talca au Chili ou des Grands Ateliers à l’Isle-d’Abeau à Hooke Park dans le Dorset, naissent des architectures qui ne se réduisent pas à des maquettes d’étudiant agrandies.
Souvent associées à des laboratoires de recherche, ces expériences sont un véritable terreau d’innovation. Élargissant le champ d’action de l’architecte, elle lui offre aussi l’opportunité d’une relégitimation sociale.
Emmanuel Caille