D’architectures N°251

Publié le 27 février 2017
ÉDITORIAL / Habiter ou être hébergé ?

Et si notre volonté de garantir au logement le maximum de confort, de sécurité et de durabilité était le moyen le plus pervers pour en exclure les plus démunis ? L’inflation réglementaire requise par cette exponentielle exigence d’efficience – et ce au nom d’une indignation faisant l’économie d’une véritable pensée –, est souvent l’un des principaux obstacles auxquels se heurtent ceux qui cherchent des solutions pour offrir un toit à ceux qui en ont besoin de toute urgence. La norme serait-elle devenue l’outil privilégié des politiques d’exclusion sociale ?
Nous avons ce mois-ci laissé la parole à des architectes engagés au sein d’associations. Ils se penchent sur le sort de ceux – pauvres, immigrés, réfugiés – qui hantent les bordures des voies express ou des friches ferroviaires sous l’abri précaire des ponts ou des baraquements. Aux lieux d’hébergement officiels, sécurisés et encadrés, ces architectes opposent un pragmatisme qui s’élabore d’abord avec les femmes et les hommes qui vont y vivre, qu’il s’agisse ou non d’autoconstruction. Si héberger relève de solutions techniques – financières, réglementaires et constructives –, habiter requiert, même dans la plus extrême frugalité, une approche plus subtile. Une méthode faite de dialogue et d’invention où l’architecture n’est pas sans légitimité.

Emmanuel Caille


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