ÉDITORIAL / Dans le moteur
Hyper-moderno, hyper-organique, hyper-minimaliste, hyper-programmatique, hyper-austère, hyper-brut, hyper-écolo : depuis trois décennies, tous les genres semblent avoir été poussés à leur paroxysme. Notre environnement est-il si hétérogène qu’il produise des causalités différentes au point de générer des formes aussi antinomiques ? Ou ne subissons-nous pas plutôt une débauche de postures dont se parent certains architectes pour gagner des parts de marché ?
En réaction à ce catalogue aléatoire des styles et à l’épuisement esthétique qu’il engendre, ne serait- il pas salutaire, pour tenter de retrouver une légitimité aux formes que l’on donne à l’espace, de revenir à deux questions essentielles : dans ce monde en mutation permanente, comment fabriquer l’architecture, le paysage et la ville, et comment en parler ? Quand tout change – les conditions de la commande et de la mise en œuvre, les impératifs écologiques, l’exigence de processus participatifs –, peut-on encore concevoir selon les mêmes méthodes que pendant la modernité triomphante de la reconstruction ? Assurément non, et c’est ce que la Biennale d’architecture de Lyon entend nous montrer du 8 juin au 9 juillet : accompagnés de nouveaux acteurs, des architectes travaillent déjà autrement. Mais comment rendre compte de ces nouvelles manières d’aborder le projet ? L’équipe de la Biennale a fait le pari un peu fou de nous montrer ces équipes pluridisciplinaires en train d’inventer ou d’expérimenter ces processus. Leur ambition est de nous donner l’opportunité de comprendre in vivo comment leurs projets se concrétisent et d’en rendre compte en direct devant le public. Tout en vous invitant évidemment à participer à cet événement, nous avons voulu dans notre dossier mensuel introduire les enjeux et les questions qui le fondent.
Emmanuel Caille
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