Passoires thermiques, passoires intellectuelles
Lorsque le froid s’installe et que grimpe la facture énergétique, que la canicule frappe et qu’il faut évacuer des écoles, on se met à rêver qu’est enfin venu le temps de se poser des questions d’architecture : comment dessiner un quartier et implanter un bâtiment ; comment concevoir et placer les fenêtres ; comment organiser l’espace et donner de la hauteur habitable pour créer des flux d’air vertueux. Quant à la rénovation, avant d’emmitoufler les passoires thermiques de la panoplie complète des produits certifiés du catalogue, on peut aussi s’interroger : quelles sont leurs qualités propres ; comment transformer leurs faiblesses en atouts, améliorer ce qui n’est pas suffisamment efficace, corriger ce qui dysfonctionne sans pour autant atteindre l’efficience normalisée. Une réponse adaptée précisément à chaque lieu et à ses usages, autrement dit une réponse… architecturale.
Mais si vous avez un peu suivi les débats à l’Assemblée concernant la loi sur l’énergie et le climat*, vous aurez vite compris que les moyens qui seront mis en œuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) seront avant tout affaire de normes et d’objectifs quantifiés selon des principes par essence réducteurs. Les entreprises du BTP se réjouissent déjà de vendre clé en main des packs isolation avec polystyrène, menuiseries PVC, volets roulants et emballage général, les charlatans du diagnostic pourront continuer à remplir bêtement leurs formulaires standardisés et les professionnels de l’immobilier se désespèrent comme toujours que l’obligation de mise aux normes avant mise en vente ou location ne bride leur marché.
L’urgente nécessité du chantier de la rénovation thermique ne fait aucun doute. Mais si elle autorise surtout une débauche consumériste de matériaux non recyclables, avec le risque de tout avoir à refaire 20 ans plus tard, si elle expose les paysages urbains aux réhabilitations maladroites comme on peut malheureusement en voir déjà beaucoup ou, pour le dire autrement, si elle se fait sans analyse d’ingénierie et d’architecture précise, alors à quoi bon tant d’investissement ?
Emmanuel Caille
Lorsque le froid s’installe et que grimpe la facture énergétique, que la canicule frappe et qu’il faut évacuer des écoles, on se met à rêver qu’est enfin venu le temps de se poser des questions d’architecture : comment dessiner un quartier et implanter un bâtiment ; comment concevoir et placer les fenêtres ; comment organiser l’espace et donner de la hauteur habitable pour créer des flux d’air vertueux. Quant à la rénovation, avant d’emmitoufler les passoires thermiques de la panoplie complète des produits certifiés du catalogue, on peut aussi s’interroger : quelles sont leurs qualités propres ; comment transformer leurs faiblesses en atouts, améliorer ce qui n’est pas suffisamment efficace, corriger ce qui dysfonctionne sans pour autant atteindre l’efficience normalisée. Une réponse adaptée précisément à chaque lieu et à ses usages, autrement dit une réponse… architecturale.
Mais si vous avez un peu suivi les débats à l’Assemblée concernant la loi sur l’énergie et le climat*, vous aurez vite compris que les moyens qui seront mis en œuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) seront avant tout affaire de normes et d’objectifs quantifiés selon des principes par essence réducteurs. Les entreprises du BTP se réjouissent déjà de vendre clé en main des packs isolation avec polystyrène, menuiseries PVC, volets roulants et emballage général, les charlatans du diagnostic pourront continuer à remplir bêtement leurs formulaires standardisés et les professionnels de l’immobilier se désespèrent comme toujours que l’obligation de mise aux normes avant mise en vente ou location ne bride leur marché.
L’urgente nécessité du chantier de la rénovation thermique ne fait aucun doute. Mais si elle autorise surtout une débauche consumériste de matériaux non recyclables, avec le risque de tout avoir à refaire 20 ans plus tard, si elle expose les paysages urbains aux réhabilitations maladroites comme on peut malheureusement en voir déjà beaucoup ou, pour le dire autrement, si elle se fait sans analyse d’ingénierie et d’architecture précise, alors à quoi bon tant d’investissement ?
Emmanuel Caille