D'Architectures N°294 - Novembre 2021

Publié le 27 octobre 2021

​Contraintes utiles

Les ministres de la Culture et du Logement viennent de lancer un programme « engagé pour la qualité du logement de demain ». Nous saurons dans un an s’il sera suivi d’effets ou s’il aura engendré davantage de réglementations, l’enfer étant comme l’on sait toujours vertueusement pavé. Au même moment, préoccupations environnementales et pandémie ont remis au premier plan l’intérêt pour la transformation des bureaux en logements. Si cette mutation programmatique de bâtiments est encore rare, elle est en forte croissance, et est révélatrice de questions architecturales très actuelles. Comme le rappelle fort à propos Philippe Prost dans la chronique qu’il tient désormais tous les mois dans d’a, la transformation des constructions et leur adaptation aux nouveaux usages que le cours de l’histoire impose a toujours concerné l’immense majorité du bâti. C’est la standardisation moderne qui a ruiné cette capacité d’adaptation. La surdétermination fonctionnelle des espaces en fonction d’un usage les rendant inadaptables à d’autres programmes. Mais paradoxalement, cette inadaptation peut parfois se révéler un atout lorsqu’elle permet de sortir du cercle infernal de la réglementation et des poncifs du marketing immobilier qui standardisent aujourd’hui la production de logement. Les structures mises à nu des bureaux ne correspondent généralement pas à celles d’une conception a priori rationalisée – entendez rentable – de l’habitat. Or si les standards poussent à réduire au maximum les surfaces, elles interdisent aussi – et heureusement – de les baisser en dessous d’un certain seuil. Lorsqu’il faut faire un choix dans une transformation de bureaux en logements, c’est donc obligatoirement en faveur d’espaces plus grands – plutôt que trop petits – que la solution s’impose puisque la trame n’est pas ajustée aux standards. On sait aussi que les façades non porteuses des bâtiments tertiaires permettent de proposer des grandes ouvertures dans les appartements sans que le coût en soit rédhibitoire. Ceci explique peut-être en partie pourquoi les transformations que nous publions ce mois-ci, en habitat social ou dites de « standing », offrent une habitabilité bien supérieure à la moyenne des livraisons actuelles. Les architectures les plus intéressantes naissent souvent sur les sites les plus contraignants et l’analyse de ces opérations de transformation confirme que c’est aussi en sublimant la complexité du déjà-là que peuvent naître les meilleures.  

Au sommaire du numéro de novembre : Le parcours de l’agence MUZ architecture, un grand entretien avec BRUTHER, le 2e épisode de la chronique de Philippe Prost, un dossier central sur la transformation de bureaux en logements, un dossier technique axé sur le traitement de la façade pour les nouveaux bureaux, et le classement par chiffre d’affaires des 200 premiers bureaux d’études techniques.

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