ÉDITO
Il est question d’enveloppe dans ce numéro de printemps. Dans toute sa complexité et sa technicité, en regard de sa désolidarisation d’avec la structure primaire du bâtiment. Thermique et étanche, elle supporte la belle ambivalence d’avoir à laisser pénétrer un maximum de lumière naturelle dans les espaces tout en protégeant de la surchauffe solaire.
Initié par le développement des ossatures poteaux-poutres et de l’industrie de l’acier, puis de l’aluminium, le mur rideau s’est très vite développé, notamment dans le tertiaire, avant de s’essouffler face à des réglementations thermiques toujours plus drastiques. Depuis une dizaine d’années, le mur rideau bombe à nouveau le torse, grâce notamment aux innovations de l’industrie verrière dont les produits sont de plus en plus performants. Nous nous interrogeons dans les pages qui suivent sur sa réelle nature, revêtement ou élément d’architecture ? N’est-il finalement qu’un moyen ? Ou tient-il d’un processus créatif et technique plus complexe ? Architectes, bureaux d’études et industriels y voient dans tous les cas une réponse contemporaine et précise aux enjeux actuels et futurs.
À l’instar du bardage – à ne pas confondre avec la vêture mise en œuvre sans lame d’air –, dont les innovations et la diversité vont de pair avec l’irrésistible développement de l’isolation thermique par l’extérieur. Habitude constructive installée, le mur rideau permet la mise en œuvre de tous les matériaux – bois, métal, terre cuite et autres innovations composites –, en façade et en toiture, dans une parfaite continuité. Calepinage, joint, raccord, dimension, texture… tout peut être dessiné et décidé, avec divers objectifs, plus ou moins ornementaux, plus ou moins architecturaux, mais toujours fonctionnels. Protection mécanique et/ou thermique, il est un champ d’innovations et de créativité indiscutable dont l’architecture contemporaine s’est emparée avec plus ou moins de réussite. Car la standardisation d’une mise en œuvre est toujours sujet à débat, tant la répétitivité et les tics ont de fâcheuses conséquences sur la ville dense et complexe. Les projets présentés dans cette édition font donc preuve de conscience et de conviction quant aux matériaux mis en œuvre et aux usagers qu’ils servent.
Nous vous donnons rendez-vous le 17 août 2018 pour la 33e édition d’exé consacrée à la structure béton et aux balcons.
Nadège Mevel
Rédactrice en chef