Droit au village ou droit à la ville ?
Par Antoine Loubière
La dimension territoriale du mouvement des « gilets jaunes » a déjà donné lieu à de multiples analyses. Comme le regrette Martin Vanier dans son article, « Après la colère » (cf. p. 74), « l’explication périurbaine tient le haut du pavé ». Cette réflexion est d’une certaine manière prolongée dans nos pages « Controverses » par les contributions de Jean-Marc Stébé et Hervé Marchal sur « Le périurbain, terre de gentrification ? » et de Caroline Gallez sur la recherche un peu vaine de « L’équilibre habitat-emplois » – écrites pour la revue avant les récents événements. De son côté, dans son récent ouvrage La Revanche des villages (cf. p. 81), le chercheur Éric Charmes souligne la diversité de la France périurbaine qui s’est développée autour de noyaux villageois, produisant « une hybridation du rural et de l’urbain ». Dans ce contexte, il évoque un « droit au village » qui serait d’abord un « droit à l’innovation » et qui lui paraît plus pertinent qu’un hypothétique « droit à la ville ». Car « beaucoup des attentes des habitants des campagnes urbaines sont en décalage avec les idéaux portés par le droit à la ville ». L’hypothèse mérite d’être discutée.
Le mouvement des « gilets jaunes », qui affirme un rejet des grandes villes, « exprime aussi un discours sur le droit à la ville, d’un nouveau genre », estime ainsi Michel Lussault. Encore faut-il en saisir le sens véritable. Rude défi politique !
Dans notre prochain numéro (412) daté du printemps 2019, nous reviendrons dans la rubrique « Controverses » sur la signification territoriale du mouvement des « gilets jaunes ». Dans le dossier autour du « droit à la ville », programmé depuis longtemps dans ce numéro, nous évoquerons l’actualité du livre d’Henri Lefebvre, cinquante et un ans après sa parution en mars 1968, sa réception en France et dans le monde, mais nous questionnerons aussi avec des chercheurs et des acteurs, la pertinence du « droit à la ville » dans les luttes urbaines contemporaines, en Amérique latine, en Turquie et en France. Un pays où, toujours selon Michel Lussault, « chaque rond-point investi constitua une petite république où chaque individu éprouvait la sensation de se réapproprier sa citoyenneté, et plus encore de se remettre d’aplomb, de redonner de la cohérence à son existence ». De riches débats en perspective.
Accéder au sommaire Urbanisme n°411
Par Antoine Loubière
La dimension territoriale du mouvement des « gilets jaunes » a déjà donné lieu à de multiples analyses. Comme le regrette Martin Vanier dans son article, « Après la colère » (cf. p. 74), « l’explication périurbaine tient le haut du pavé ». Cette réflexion est d’une certaine manière prolongée dans nos pages « Controverses » par les contributions de Jean-Marc Stébé et Hervé Marchal sur « Le périurbain, terre de gentrification ? » et de Caroline Gallez sur la recherche un peu vaine de « L’équilibre habitat-emplois » – écrites pour la revue avant les récents événements. De son côté, dans son récent ouvrage La Revanche des villages (cf. p. 81), le chercheur Éric Charmes souligne la diversité de la France périurbaine qui s’est développée autour de noyaux villageois, produisant « une hybridation du rural et de l’urbain ». Dans ce contexte, il évoque un « droit au village » qui serait d’abord un « droit à l’innovation » et qui lui paraît plus pertinent qu’un hypothétique « droit à la ville ». Car « beaucoup des attentes des habitants des campagnes urbaines sont en décalage avec les idéaux portés par le droit à la ville ». L’hypothèse mérite d’être discutée.
Le mouvement des « gilets jaunes », qui affirme un rejet des grandes villes, « exprime aussi un discours sur le droit à la ville, d’un nouveau genre », estime ainsi Michel Lussault. Encore faut-il en saisir le sens véritable. Rude défi politique !
Dans notre prochain numéro (412) daté du printemps 2019, nous reviendrons dans la rubrique « Controverses » sur la signification territoriale du mouvement des « gilets jaunes ». Dans le dossier autour du « droit à la ville », programmé depuis longtemps dans ce numéro, nous évoquerons l’actualité du livre d’Henri Lefebvre, cinquante et un ans après sa parution en mars 1968, sa réception en France et dans le monde, mais nous questionnerons aussi avec des chercheurs et des acteurs, la pertinence du « droit à la ville » dans les luttes urbaines contemporaines, en Amérique latine, en Turquie et en France. Un pays où, toujours selon Michel Lussault, « chaque rond-point investi constitua une petite république où chaque individu éprouvait la sensation de se réapproprier sa citoyenneté, et plus encore de se remettre d’aplomb, de redonner de la cohérence à son existence ». De riches débats en perspective.
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