La Cité

Description du projet

Porté par La Région Occitanie, le projet a pour objet la réhabilitation des anciennes Halles Latécoère dans le but de créer un tiers lieu dédié à l’innovation collaborative et durable. Avec La Cité, La Région agit pour le développement économique, l’innovation et l’emploi, en partenariat avec Ad’Occ, At Home, Nubbō et Roselab.

La Cité est située au sud-est de la ville de Toulouse, dans le quartier de Montaudran, à proximité de la voie ferrée qui longe la piste classée de L’Aéropostale. Le bâtiment est lui-même classé patrimoine immatériel de l’histoire industrielle de l’aéronautique de Toulouse.

Construites entre 1917 à 1918 à l’initiative de l’industriel Pierre-Georges Latécoère, les Halles Latécoère constituent le témoin de l’origine de l’industrialisation de l’aéronautique à Toulouse.

Depuis la Première Guerre Mondiale, ce site de montage des avions s’est développé au nord d’un ensemble aéronautique de 45 hectares, étalé de part et d’autre de la voie ferrée Toulouse - Sète. A l’origine établies pour les besoins de l’industrie ferroviaire, puis rapidement assignées à l’industrie aéronautique, les trois halles ont abrité les premières constructions aéronautiques à Toulouse, avec le montage d’avions de guerre puis d’avions commerciaux et aéropostaux. Malgré sa renommée, l’Aéropostale déficitaire est rachetée en 1933 par la compagnie Air France qui maintient l’activité jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale. Pierre-Georges Latécoère, alors associé à l’avionneur Louis Bréguet, lui vend les terrains de Montaudran en 1940. Après le bombardement allié du 6 avril 1944, les bâtiments et sa production sont partiellement détruits, ne subsistant que la structure. Louis Bréguet reconstruit et agrandit alors le site pour produire des bombardiers puis des avions de ligne jusqu’aux années 1970.

Avec une emprise de plus de 9 000 m², le projet de La Cité comprend les trois halles historiques des usines Latécoère. Malgré les destructions de 1944 et des réaménagements survenus au fil des années, le site reste préservé et conserve plusieurs ouvrages remarquables dont les trois halles, inscrites au titre des Monuments historiques depuis le 21 juillet 1997. Elles constituent, par leur composition et leurs volumes imposants, un ensemble monumental homogène. Les autres ouvrages inscrits au même titre sont le bâtiment de la salle d’attente des passagers, la piste dans son emprise actuelle, allant de son extrémité nord-ouest jusqu’au sud-est du bâtiment de direction, ainsi que les façades, toitures et aile gauche en retour sur cour du bâtiment de direction - appelé châ­teau Petit Espinet Raynal. Le site accueillant le projet de La Cité se trouve au sein d’un quartier en pleine mutation (ZAC Saint Exupéry, ZAC TMA, etc.). Son environnement immédiat est composé de quartiers d’habitations et d’activités industrielles et logistiques. Il borde au sud le complexe scientifique et universitaire de Rangueil, regroupant plus de 35 000 étudiants et enseignants chercheurs.

La Cité se développe donc à l’intérieur des anciennes Halles Latécoère et ses trois halles historiques d’en­viron 120 mètres de long sur 26 mètres de large. Chaque nef présente une surface d’environ 3082 m² de surface au sol, soit un total d’environ 9246 m². Grâce à l’acquisition de la parcelle voisine au sud les accès aux halles ont pu être doublés, au nord-est et au sud-est. Le projet de La Cité prévoit l’aménagement de 13 954 m² de surface de plancher dédiés à des espaces de co-working, des salles de réunions, une salle de conférence de 200 places, un restaurant, un Fablab et un espace évènementiel. Le dynamisme du secteur des start-ups et les besoins de programmes supplémentaires pour leur accompagnement nous ont amené à proposer une vision plus globale, à l’échelle de la copropriété. A l’image des structures innovantes qu’elle héberge, La Cité doit pouvoir guider les futures évolutions du site dans lequel elle s’implante. Cela nécessite particulièrement la restauration du clos et couvert du Monument Historique. Entre la période de construction (1917-1920), la reconstruction qui fait suite au bombardement allié en 1944 par Louis Bréguet (1945-1953) et la transformation en entrepôts pour la compagnie Air France puis pour l’usine de transport U.T.L (1960-1990), les trois halles de montage ont été progressivement transformées. Le projet tient compte de ces changements afin de s’inscrire dans la continuité de l’évolution du site tout en maintenant le lien historique des réalisations passées.

Les halles ayant vécu sur une plus longue période dans leur second état de transformations (1945 - 1953), le projet de restauration en reprend les principales caractéristiques. La Cité fait aussi référence à ses origines (1917 - 1920) tout en s’adaptant aux besoins d’aujourd’hui. Les modifications concernent principalement les toitures (charpentes et couvertures), les façades et les intérieurs (piles en briques, ponts roulants).

Concernant les façades, les auvents métalliques et entrepôts adjacents ont été démolis afin de les libérer et offrir une nouvelle visibilité à La Cité. Les quais au sud sont conservés, offrant un usage de terrasse pour les utilisateurs. Le projet vise à valoriser l'ouvrage existant, avec une mise en valeur de sa structure et une intervention légère émanant du sol, ne touchant que très peu l'existant. Les différents programmes s'implantent dans des volumes construits en ossature bois, qui se développent sous les charpentes existantes des halles. Ces volumes se développent majoritairement dans les deux nefs latérales, afin de libérer la nef centrale, la seule en charpente métallique, pour offrir un large espace ouvert dédié aux évènements. Le choix s’est porté sur une ossature légère afin de permettre une grande flexibilité au sein de La Cité.

Réfection de la toiture

Grâce aux travaux de Pierre-Yves Caillault, architecte en chef des Monuments Historiques, le profil cintré des toitures des halles latérales a été redécouvert : ces toitures suivaient à l’origine la courbe de leur charpente en béton, avant d’être par la suite transformées. A contrario, la toiture de la halle centrale a subi peu de modifications au cours du temps. La Cité conserve dès lors le dessin historique des toitures en l’adaptant aux besoins du projet. Les percements des toitures sont limités aux lanterneaux afin d’apporter une lumière zénithale régulière et diffuse qui s’accorde aisément avec les nouveaux usages intérieurs. Ceci implique alors la restauration de la charpente métallique, avec des consolidations ponctuelles et le remplacement des éléments détériorés ou manquants et la conservation de l’éclairage diffusé par l’intermédiaire de lanterneaux en faitage.

La disposition existante est néanmoins modifiée pour s’accorder au nouveau programme intérieur, en s’inspirant des états historiques. Le projet a nécessité la dépose complète de la toiture afin de rénover la volige, d’isoler légèrement et de reprendre les tuiles en mauvais état. Seules deux travées situées à chaque extrémité sont couvertes en totalité en tuiles mécaniques et légèrement élargies pour répondre à l’alignement des verrières en façade, soit une disposition déjà présente sur la façade sud-ouest de 1917-1944.

Suite à notre rencontre avec le conservateur régional des monuments historiques, le choix s’est porté sur la maintien du langage volumétrique des toitures des halles, avec le développement d’échantignoles plus actuelles, dessinées à cette occasion. Une isolation acoustique de 5 cm d’épaisseur est interposée entre voligeage et tuiles et un joint de 5 cm est laissé vis-à-vis du voligeage inférieur. Ce choix a une justification technique (isolation acoustique) et esthétique : l’alternance entre les voliges et la sous-face de la couverture apparentes devient visible, conformément aux dispositions anciennes.

Concept des façades

D’après les photos d’archives des Halles Latécoère, les façades principales étaient décrites comme des façades d’apparats reprenant un principe d’ouverture vouté en triptyque sur chacune des nefs.

Suite à la destruction partielle du bâtiment durant la guerre, ces façades qui faisaient l’identité unique de ces halles industrielles ont été remplacées, puis oubliées. Après de nombreuses recherches chronologiques, la rencontre avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles et de nombreux débats sur l’authenticité des façades, il a été décidé d’évoquer cette façade ancienne en l’inscrivant dans son temps, avec une réinterprétation plus actuelle. Ainsi les nouvelles façades transversales des halles reprennent ce principe de façade légère par le biais de lames verticales torsadées qui laissent deviner, par la position de la vrille, l’impression des anciennes voûtes.  La façade sud-ouest, en bordure de la voie ferrée, reprend ce même principe, avec l’ajout de lames horizontales en brise soleil. Les poteaux de l’auvent en béton abritant l’ancien quai de déchargement sont mis à nu afin de magnifier cette structure. Quant à la façade latérale, elle présente un rythme d’alternance de poteaux et d’ouvertures tout en disposant de lames verticales au niveau de chaque ouverture. Cela permet de gérer l’éclairage direct dans les bureaux orientés sud-ouest tout en conservant ce rythme plein vide. Au-dessus de l’entrée, les lames brise-soleil viennent à l’horizontale pour créer une marquise afin de monumentaliser l’accès latéral à La Cité.

Conception intérieure

La Cité développe une grille ou ossature poteau/poutre bois en partant de la trame existante du bâtiment. Cette grille de 5 mètres par 5 permet d’accueillir des panneaux de remplissages en structure bois faisant alterner parois vitrées toute hauteur, parois vitrées sur allège ou mur plein. Les traitements thermiques et acoustiques de ces parois sont parfaitement intégrés dans cet ensemble flexible et modulable. Ce système constructif léger sur deux niveaux est pensé pour répondre à l’usage le plus répandu du programme, les espaces de bureaux. Les plateaux sont développés sur une largeur de trois trames de 15 mètres permettant de créer des open-space pouvant accueillir une quarantaine de poste de travail. Le reste du programme développe le même principe structurel et s’adapte à l’usage souhaité.

Les espaces de convivialité sont centralisés entre deux plateaux de bureaux et s’organisent autour d’une bande « servante » contenant locaux techniques et meubles de cuisine. Les escaliers, sanitaires et espaces reprographies gravitent autour de cette bande servante. Grâce à cette organisation, nous laissons ainsi les grands open-space dédiés au travail silencieux, totalement libéré des autres entités du programme. Au R+1 une passerelle permet de tourner autour de l’espace événement et de desservir chaque module.

La restauration des intérieurs

Les piliers en briques pleines sont remis à nu afin de révéler leur polychromie particulière, tout en permettant une ventilation naturelle des maçonneries. Un joint creux vient également s’insérer en pied pour limiter les remontées capillaires. Les poteaux en béton sont restaurés (traitement des fers apparents, ragréage, etc.) et les ponts roulants sont conservés et restaurés. Celui de la halle centrale est fixé et celui de la halle 3, déplacé et réajusté pour être positionné dans la halle centrale.

Définition programmatique du RDC

La place de l’écosystème : Il s’agit d’un espace urbain, en partie minéral, théâtre d’expression et végétal pour protéger et rafraichir, disposant de mobilier urbain et d’équipements pour favoriser les échanges. Cette place au cœur du système, accueille, distribue, rassemble, anime, mixe...

Le cœur de l’écosystème : On y trouve les services, les espaces de réunions, de restauration et les circulations. Le visiteur se fait une idée du lieu à travers cet univers, car il s’agit du premier contact depuis l’extérieur. Zone de croisement, lieu d’émulations et de rencontres, avec la salle de conférence comme pièce maîtresse. Lieu aux multiples usages, son confort et sa souplesse d’utilisation contribuent à l’image de qualité de l’équipement.

L’espace évènement : Ce lieu de valorisation pour La Région Occitanie est le reflet du bouillonnement de La Cité et peut accueillir plusieurs types d’événements, expositions, salons, hackathon... Son utilisation se veut libre, son caractère brut et sa position révélant toute l’esthétique des halles.

Définition programmatique du R+1

Co-working : Les espaces de travail et espaces partagés sont conçus pour être flexibles et modulables. Ils garantissent le confort et le bien-être des utilisateurs. Ils sont ponctués d’espaces de travail informels, bulles de communication, espaces de convivialités et espaces récréatifs judicieusement répartis à proximité des bureaux.

Co-making : Ces ateliers de création, de développement d’objets physiques ou de services numériques sont ouverts à un public extérieur. Les espaces projet, de grande hauteur sous la halle, permettent de développer des prototypes de grande dimension.

Matériaux et couleurs des constructions

Grâce au projet de La Cité, la matérialité d’origine des Halles Latécoère est retrouvée. Les poteaux en brique peints en blanc sont nettoyés afin de retrouver la teinte de la brique initiale. Deux peintures d’origines à la base des poteaux ont ainsi été retrouvées : un vert kaki et un jaune ocre qui étaient utilisés dans l’industrie aéronautique pour désigner la gauche et la droite.  Briand & Berthereau les ont dès lors repris pour la signalétique du lieu. La structure béton des ponts roulants, du fait de cette découverte, reste ainsi après le décapage sous haute pression d’eau.

Le projet en structure bois de La Cité vient magnifier les matériaux témoins de l’architecture industrielle du 20ème siècle, l’acier et le béton, tout en affirmant un certain contraste et en valorisant l’usage d’un matériau bas carbone, symbole des préoccupations environnementales du 21ème siècle.

Année de réalisation

Coût du projet

Entre 10M€ et 50M€

Surface

13954m2

Département

Haute-Garonne

Ville

Toulouse

Code Postal

31400

A propos de l'agence TAILLANDIER ARCHITECTES ASSOCIES

Présentation

Taillandier Architectes Associés réalise des projets de maîtrise d’œuvre architecturale et urbaine depuis 1993 , pour des Maîtres d’ouvrages publics et privés. Les projets abordés sont variés tant par le programme, que par le contexte, géographique, rural ou urbain, que par la spécificité de la réalisation qu’elle soit neuve ou en réhabilitation. Enrichie par une expérience architecturale plurielle et passionnée par les questions urbaines, l’agence a développé en...

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