La Maison Plissée

Une maison de ville avec un studio indépendant qui pourra servir de galerie d'art.

Montparnasse, plus précisément Pernety, dans une petite rue charmante, entre de grands immeubles il y avait une maisonnette. Nous l’avons démolie. La nouvelle maison a bien, elle aussi, un jardin avec un rosier sauvage qui court sur le portail mais ça n’a rien à voir… elle est étrange, elle s’étire sur 7 niveaux, légère, élancée, changeante, nimbée d'une dentelle de métal. C'est la Maison Plissée.

Les espaces les plus cool sont en haut, on y accède directement par ascenseur comme dans Arnold et Willy. Le pack séjour, terrasse, cuisine, toiture panoramique forme un petit penthouse avec des vues dans tous les sens et un ensoleillement ébouriffant.

Le plan des étages inférieurs est d’une rigidité propre à laisser les clients n’en faire qu’à leur guise. Un espace libre côté rue, une bande technique côté cour où s’alignent sagement l’escalier l’ascenseur et la pièce d’eau dans des petits carrés. Un mur rideau avec balcon filant d’un côté, de larges baies de l’autre. Il y a une fonction par niveau, la grande chambre noire qui n’arrive pas à être sombre est au-dessus du bureau & fitness qui est au-dessus des petites chambres avec leur hammam.

Avec cette façade rue entièrement vitrée, vu de l’intérieur le bel haussmannien d’en face est… présent. Pourtant de dehors, le jeu du voilage métallique sur le reflet des vitres protège efficacement du regard, c’est magique…

Spécificités techniques

Commençons par ce que nous n’avons pas fait ! Dans le projet initial la cage d’ascenseur était en CLT, les planchers aussi… ils devaient être portés, « à la parisienne », directement par les mitoyens. La bienveillance des copropriétaires voisin a fini par montrer ses limites et la structure réalisée est une ossature béton minimaliste, intégrant des planchers actifs (chauffage intégré aux dalles).

C’est dans l’effeuillage de la façade épaisse que se révèle la singulière maitrise du projet entre réglage techniques et mises au point sensibles. Les solutions constructives sont relativement simples : baies coulissantes, cassettes de caillebottis métalliques, maille fixée sur des filins et pourtant l’ensemble dégage une forme d’évidence liée à la coordination du projet via la maquette numérique et un prototype en atelier.

La maille acier spiralée est réalisée industriellement pour l’architecture intérieure et extérieure. Comme la plupart des tissus métalliques elle est pérenne et peu sujette à l’encrassement. Souvent utilisée pour des usages moins nobles (parkings, terrains de sports) elle donne des effets d’une rare finesse.

La mise en œuvre est réalisée par la jeune société métalex qui s’est particulièrement impliquée dans les détails de découpes numérique des éléments préfabriqués. Les lais se plient comme du papier sur une hauteur de plus de 18m ! C’est la continuité du processus, le passage de relais très fluide entre le modèle numérique architectes, une conception des plans d’exécution en 3d et une réalisation soigneuse qui apporte un résultat si maitrisé.

Démarche BIM

Le BIM est ici employé au service de l'épure et de la maitrise de l'objet construit. Le chantier s’est déroulé de manière remarquable et l'objet réalisé dans ce mouchoir de poche est conforme à la virgule près à la maquette numérique qui l'a précédée. La construction virtuelle permet à une jeune agence artisanale comme l'atelier WRA d'anticiper l'ensemble des questions constructives et spatiales. Elle permet également d’instaurer de façon très concrète les bases du dialogue avec des commanditaires exigeants et une entreprise de premier ordre comme SOGEA avec qui les visas se sont réalisés en grande partie en échange d'IFC.