ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DES ARTS DE NANCY

Description du projet

La nouvelle Ecole Nationale Supérieure d’Art et Design de Nancy - ENSADN est implantée sur le site ARTEM. Le projet, Lauréat d’un concours de Maîtrise d’œuvre fin 2010, est le fruit d’une collaboration étroite entre le cabinet d’architectes Dietrich I Untertrifaller et notre Atelier (AACZ) depuis la phase concours jusqu’ à la fin de GPA.

L’Ecole d’Art représente la deuxième phase de construction du site ARTEM et se situe au carrefour de la rue Vauban en entrée d'ARTEM sur la rue Blandan, à l’opposé de la première phase de construction que représentent l’Ecole des Mines, la Maison des langues, l’Institut Jean Lamour et bien entendu le premier tronçon de la Galerie couverte le long de la rue du Sergent Blandan.

L’Ecole d’Art ainsi « isolée » devait donc être construite pour fonctionner en autonomie en attendant d’être reliée à la troisième phase de travaux que constituait l’ICN-ISAM-IAE construite par l’agence d’Architecture Lipsky-Rollet.

Par ailleurs le bâtiment de l’ENSADN devait être relié à 5 entités principales du concept architectural technique et paysagé d’ARTEM : le parking commun, la galerie couverte, les jardins paysagés (conçus par Claire Alliod Paysagiste) et plus spécifiquement pour nous « la Cour des Chênes », les espaces publics dessinés et calibrés par ANMA et Claire ALLIOD, et enfin au puits canadien installé à trois mètres sous la Galerie.

Le concours a été remporté en particulier pour les qualités fonctionnelles du projet qui répondait en tous points aux besoins du programme pédagogique initial mais aussi parce qu’il intégrait toutes les exigences d’implantation et de gabarit du master plan Urbain ANMA. La force du projet (et de son équipe de conception) est d’avoir pu intégrer sans bouleversement architectural majeur les demandes modificatives et complémentaires de la nouvelle équipe pédagogique des Beaux Arts (qui n’avait pas participé à la constitution du programme initial) tant en phase études qu’en phase travaux.

Le bâtiment est constitué de 5 éléments : La Maison Signe (appellation issue du Master Plan d’ANMA) est un volume extrudé « organique » habillé d’un bardage isolant en aluminium anodisé perforé faisant signal au droit de l’entrée principale du bâtiment directement connecté à la Galerie, le Bâtiment Vauban parallélépipède monolithique revêtu d’imposantes plaques minérales anthracites sur isolant en alignement de la rue du même nom, un large patio central, un corps de bâtiment dit « passerelle » qui joue le rôle de lien entre La Galerie ARTEM,  la Maison Signe, le Bâtiment Vauban et le patio et enfin un dernier volume plus petit, prolongeant la Maison Signe et qui accueille l’amphithéâtre refermant le patio, mais ouvrant un passage naturel vers la cour des Chênes en dessous de son volume formant pont, reliant l’arrière du rez-de-chaussée de la Maison Signe au premier étage du Bâtiment Vauban. Le sixième et dernier élément est le parking sous-terrain de 85 places.

Pour chaque bâtiment le principe de distribution est clair, fonctionnel et rationnel : une « épine dorsale » centrale accueille les circulations verticales, les locaux de stockage, sanitaires, gaines et autres locaux techniques. De part et d’autre de ce noyau servant se trouvent les circulations et les locaux nobles, ateliers, salles de classe, bureaux. Les larges et lumineuses circulations périphériques au patio sont dimensionnées comme des espaces de vie, d’exposition et d’étude à part entière et non comme des espaces logistiques réduits à de simples fonctions de transit. Chaque classe et atelier est en connexion directe avec l’espace qui lui est contigu ce qui contribue à l’échange pédagogique, à l’expérimentation des techniques et des savoirs, d’un atelier à l’autre, d’une année à l’autre, d’une spécialité à une autre.

Malgré l’apparence d’une construction simple au plan d’aménagement qui l’est tout autant, le bâtiment recèle une grande complexité technique tant au travers de la qualité de mise en œuvre qu’au travers des équipements à installer et qui intéressent sans être exhaustif l’éclairage scénique, muséographique, ou d’appoint, gradable ou non, les ventilations spécifiques des ateliers bois, métal, sérigraphie, la détection de gaz toxiques, le réseau d’air comprimé, les locaux ATEX (atmosphère explosive), la cabine de peinture (10 000m3/heure en extraction), le traitement acoustique du studio de prise de son, la mise en place du grill technique du plateau de tournage, le contrôle de l’hygrométrie des stockages de papier d’impression, les équipements sanitaires résistants aux acides et complétés de bacs de décantation, la résistance des dalles pour l’implantation de fours céramique (1000 Kg), des presses d’impression (1000kg), les massicots (1200kg), le surpresseur qui réinjecte l’eau de pluie stockée au sous-sol vers le réseau des sanitaires de tous les étages ou encore les deux centrales d’air double flux connectées sur le puits canadien distribuant la ventilation des deux corps de bâtiments principaux depuis le sous-sol à travers le parking etc….

La construction est réalisée par une structure en béton armée qui a permis de franchir les grandes portées imposées par les surfaces des ateliers de travail et d’assurer la stabilité des plancher en réponse aux surcharges d’exploitation très importante imposées par les équipements particuliers à disposer et allant ponctuellement jusqu’à 1000 Kg / m². Ici le béton confère une grande inertie thermique au bâtiment et permet le déphasage thermique nocturne en confort d’été. Ce matériau massif a permis aussi de répondre partiellement aux problématiques acoustiques entre ateliers bruyants et salles de cours. ll donne bien sûr toute son identité à ce bâtiment dont les parois intérieures brutes de décoffrage ont donné lieu à un grand soin dans la formulation du béton, dans sa mise en œuvre (vibration, étanchéité des banches, décoffrage) et sa finition poncée à la main et hydrofugée sans avoir eu massivement recours aux ragréages rapportés.

Le bâtiment, outre sa composante BBC demandée par la Maîtrise d’Ouvrage, devait répondre à des critères HQE spécifiquement déterminés par le cahier des charges de l’urbaniste. On notera entre autre le besoin de stocker 46m3 d’eau en toiture, soit 1200m² de système innovant végétalisé, la volonté d’alimenter le bassin de la cour des Chênes par l’eau récupérée/stockée en toiture, le respect du facteur lumière jour dans chaque espace de travail, l’obligation d’utiliser le puits canadien prévu sous le tronçon de galerie attribué à l’ENSADN, de fortement limiter le recours à la climatisation ou encore d’assurer une bonne qualité d’air intérieur (filtration, renouvellement, choix des matériaux…).

Le gabarit urbain imposé par le Master plan a obligé l’équipe de Maîtrise d’œuvre à supprimer les plénums techniques pour respecter les contraintes de hauteur d’étage indiquées au programme. Ainsi sont incorporées aux dalles de béton pleine masse de 35 cm d’épaisseur différentes strates techniques : prédalles précontraintes, plancher chauffant (principe de dalle active), conduits de ventilation, électricité, réseau de plomberie (compris évacuations), enceinte de diffusion de son haute qualité, finition brute ou parquet bois. La majorité des sous face des dalles béton est couverte de dalles acoustiques en laine de bois minéralisées qui font lien (teinte et matériaux) avec les cadres bois des menuiseries extérieures en porte à faux sur consoles métalliques qui viennent rythmer les façades du Bâtiment Vauban par un jeu aléatoire de débordements qui constituent autant d’alcôves intérieures que peuvent s’approprier les étudiants au cours de la journée en tirant les rideaux en drapés de laine acoustique multicolores qui constituent, avec les stores extérieurs de la Maison Signe, les seules touches teintées de l’édifice qui se veut sobre au regard de son contexte.

Le défi du chantier a été d’effacer la technique au profit de la lisibilité et de l’intégrité des espaces. Lorsque les éléments techniques devaient être visibles ils ont été traités avec autant de soin et d’attention que l’on porte habituellement aux éléments dits de second oeuvre.

Certains meubles participant de l’acoustique des locaux ont été dessinés dès la phase de consultation et la signalétique particulière a été dessinée spécifiquement pour cet établissement en intégrant une police d’écriture conçue uniquement pour la communication interne du site ARTEM.

 

Année de réalisation

Coût du projet

Entre 10M€ et 50M€

Surface

7972m2

Département

Meurthe-et-Moselle

Ville

Nancy

Code Postal

54000

A propos de l'agence ZOMENO

Présentation

L’Atelier d’Architecture Christian Zoméno propose une définition conceptuelle des espaces, qu’ils soient architecturaux ou urbains au service rigoureux des fonctionnalités des programmes traités, avec une préoccupation environnementale constante depuis le début de son activité. Esthétique de la vérité : faire avec les matériaux constructifs, et leur modes opératoires avouables comme tels, sans effet décoratif ni photogénique. Ces matériaux sont plus pérennes...